1922911_10204105658028582_1493773540_n

Les Petits pains de la pleine lune
Gu Byeong-mo
Editions Picquier Jeunesse – 2011
(réédité en poche en 2013)

1615118_10204105658068583_1543558342_n
Wizard Bakery / 위저드 베이커리
Changbi Publisher – 2009

Je repousse la chronique de ce roman depuis quelques mois déjà et l’aborde encore aujourd’hui avec faiblesse. Les Petits pains de la pleine lune est un livre étonnant, atypique, davantage destiné à des ados et à des adultes.

A Séoul, de nos jours, un adolescent bègue depuis quelques années connaît une vie pour le moins dramatique.
A l’âge de 6 ans, il est une première fois abandonné à la gare par sa mère. Un peu plus tard, elle se suicide. Quelques temps après, son père démissionnaire et absent se remarie avec Mme Bae, une institutrice autoritaire et acariâtre qui ne supporte pas le jeune homme pour la simple raison qu’il est né de la première union de son mari. Toutes les excuses sont donc bonnes pour l’éloigner du foyer. Même l’accuser du viol de sa demi-sœur alors âgée de huit ans. Craignant pour sa vie, il finit par s’enfuir en courant et se réfugier chez un pâtissier un peu spécial.

10151106_10204105658108584_1500242137_n

Avant de fixer la date de leur mariage, mon père me fit un long discours à dormir debout, sur un ton mélodramatique :
– Tu es encore très jeune, tu aimerais croire aux contes de fées, mais tu sais que ce ne sont que des histoires. La belle-mère de Cendrillon n’existe absolument pas, ni celle de Blanche-Neige.
A l’évidence, il ne connaissait pas la version dans laquelle la vilaine sorcière était en réalité la vraie mère de Blanche-Neige.

Les Petits pains de la pleine lune tient sans doute plus du conte que du roman. On retrouve en effet de nombreux éléments propres à cette littérature / au conte comme la vilaine belle-mère, l’abandon, un contexte familial difficile, des obstacles à franchir et de la magie.

Si le résumé peut paraître morose , l’histoire en revanche ne l’est pas. Car le narrateur (dont on ne connaît finalement jamais le nom) n’est pas du genre à se plaindre et à blâmer les autres.
Gu Byeong-Mo réussit d’ailleurs à dépeindre une psychologie très intéressante de l’enfant. Ses sentiments envers sa mère, son père ou sa belle-mère sont finement analysés.

Même s’il prend une place importante dans le récit, le fantastique n’est pas l’élément principal dans l’histoire.
Certes le pâtissier, qui tient le rôle d’adjuvant pour notre héros, est un magicien. Et les pâtisseries qu’il vend dans sa boutique et sur son site Internet sont réputées pour leurs effets magiques (« financier sosie », pour que votre double aille au travail à votre place, « sablé du refus poli au chocolat », pour éconduire en douceur un soupirant…). Mais ce sont surtout autant d’éléments qui vont permettre au narrateur de s’accomplir et de commencer à comprendre la nature humaine – qui n’est d’ailleurs pas jolie-jolie.
En peu de temps, l’adolescent en apprend bien plus sur la vie grâce au pâtissier et Oiseau-Bleu, sa serveuse, qu’en toute une jeunesse passée aux cotés de sa « famille ».

L’auteur semble également émettre des doutes sur la société actuelle en posant un regard critique sur la famille qui abandonne son rôle et se plie au dictat du qu’en-dira-t-on, sur le corps professoral incapable de voir l’évidence et d’aider un enfant en difficulté ou encore sur les gens en général qui pensent égoïstement à leur propre bénéfice.

Un livre donc qui ne laisse pas indifférent, qui mérite d’être découvert et qui, une fois refermé, vous fera peut-être vous dire, comme ça a été le cas pour moi, « Au bout du compte (conte ?), est-ce que j’ai aimé ce livre ? ». Personnellement, je n’ai toujours pas la réponse… Et c’est sans doute ce qui le rend encore plus intéressant.

Pour découvrir les premières pages : http://www.editions-picquier.fr/medias/cat_1293195097_2.pdf