Crime scene simulation of rape victim of a sad woman sits on the floor of a walking tunnel.

Le “rape”, une sous-culture underground coréenne?

Il est 1h du matin, nous sommes le 24 décembre, et en Corée, c’est une période de conception connue et respectée mais souvent peu respectable. Les hôtels sont tous réservés et en tant que résident de l’hôtel, je suis également à bord du bateau, le “Copulage”.

Des cris inhabituels brisent en une fraction de seconde la beauté de Noël. Dinde, sapin, cloches laissent place au chant de désespoir d’une jeune femme qui supplie à son agresseur d’arrêter. Nous sommes à Séoul, pas en zone de guerre, pas dans une cité… Mais bien à Séoul.

Les pleurs de la jeune femme vont rapidement devenir mon essence pour essayer de faire mon devoir de citoyen. Dois-je aller frapper à la porte ? Dois-je écouter mon instinct primaire ?

Dans un pays rempli de caméras… Mauvaise idée. Mes jambes m’emmènent à la réception au 2e étage. L’employée m’accompagne devant la chambre au 8e. Elle constate. L’expression de son visage est comme celui d’une petite fille qui regarde un de ses camarades se faire vilipender à l’école. Nous retournons au 2e étage afin de déranger le manager.

Pensant que je ne comprend pas le coréen, elle parle librement. Monsieur le manager, dans son arbre perché, conseille au jeune corbeau de contacter les asticots de la chambre et de poser cette question d’une pertinence à toute épreuve sauf celle de la réalité :

“Nous entendons du bruit. Tout va bien ?”

Je n’ai pas fait l’école prestigieuse de Scotland Yard, mais je me dis qu’il est possible que la victime n’ait pas la possibilité de répondre au téléphone et dire cette réponse très attendue :

“Mon prince charmant m’assaille, le château ne va pas résister longtemps…”

Bref. Parler avec l’équipe de choc de l’hôtel 20 min. J’appelle la police et l’attend 8 min. Temps de l’opération 28 minutes. C’est long !

Kim Hunter et Rick Lee Larson arrivent, nous montons au 8e. Un peu de zèle. Tazer, matraque télescopique. Ils sonnent à la porte.

“Police ! Ouvrez !”

L’homme répond comme si tante Jacqueline Chan venait apporter des fraises

“Oui, un instant.”

Après avoir sonné plus souvent que les cloches de Noël, je demande si la nana de la réception n’a pas une carte universelle.

Miracle de Noël. Oui !

La police entre.

The end.

Et non. La fin n’est pas à ce moment de l’histoire, mais la chute est au rendez-vous.

L’homme sort de la chambre et me dit : “Désolé pour le bruit.”

@☆#☆&&**&&*&!!!!!! Passage de 5 min censuré.

Le policier dit à la jeune fille sous le choc et détruite :

” Jeune fille, vous avez bu? Vous dérangez vos voisins, que vont penser vos parents? Vous dérangez la police! N’allez pas à l’hôtel avec un homme! Vous saviez ce qui allait se passer ?! Comment étiez vous habillée?”

Ils emmènent l’homme que je recroiserai au petit matin pour récupérer ses affaires, le regard sera rempli de honte. Pas pour son acte, puisque, ce qui se passe lorsqu’on est ivre reste une histoire de gens ivres… Mais pour avoir été en contact avec la police devant témoins.

Je laisse ma carte de visite à la fille que j’entendrai pleurer le restant de la nuit. Elle ne portera pas plainte.

Les poètes français parlaient de l’ivresse de l’amour. Les bourreaux, en Corée, l’interprètent, et souvent sans conséquences.

Dans le pays du matin calme, faire du bruit et générer du scandale peut se retourner contre soi. Mentir à ses parents, dire que l’on va sortir entre copines et finalement, aller rejoindre ce qui semblait être un gentil garçon, professeur de surcroît, se faire violer… A qui en parler ? A des parents, pour qui ces filles deviendront des objets de honte? A la police ? Alors… on retourne chez soi. On prend sa douche. On oublie. On oublie… on n’ oublie jamais.

Lorsque le message donné est un NON catégorique, alors ce n’est plus un jeu. La lune de miel n’est plus. Tout ce qui se fait après ce fameux NON est un viol.

Les mentalités changeront avec le temps. Je l’espère. Je le pense. La Corée est un pays sûr et il y a peu d’agressions dans la rue. Alors ne faites pas entrer le loup, et ne vous laissez jamais convaincre que cela est peut être votre faute.

NB  : J’ai pu observer  trois types de scénario de viol en Corée.

1 Le divorce est à la mode, et on voit apparaître beaucoup de familles recomposées. Le demi-frère, le beau-père profitent parfois du poids familial et de l’omerta. Qui va croire la petite fille jalouse et incapable de s’intégrer dans la nouvelle famille ? Beau-papa dépense beaucoup dans ses études,  et voilà qu’elle ment en guise de remerciement ?

2 La soirée est arrosée, et il n’y a plus qu’à cueillir les filles à l’heure où les vampires pensent à aller se coucher. Peu avant l’aube.

3 Le cas le plus dangereux. Nous avons eu deux ou trois dates, et il a l’air tellement gentil ! Tellement respectueux ! Et il ne ferait pas de mal à une mouche! Sauf qu’il n’a jamais pensé à profiter d’un coléoptère. Et finalement, le repas se passe bien!

“Bois avec moi! On va pouvoir parler mieux de nos sentiments !”

La soirée se finira chez elle ou chez lui. A-t-elle réellement consenti à la relation? Peu importe. Il n’est pas responsable. Après tout, ils étaient ivres.

Chaque année, ce sont 10 000 plaintes déposées pour viol en France. Un peu plus de 6000 en Corée du Sud. On estime à 90%, le nombre de femmes violées, qui ne portent pas plainte dans le monde et particulièrement dans les pays développés .

La honte doit changer de camp. On oublie ses clefs, on n’oublie pas un viol.

Ryosei Lee

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