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La jeune fille à la laine
Kim Seungyoun
Didier jeunesse- 2013
13,10 €

Dans la catégorie des livres surprenants, « La jeune fille à la laine » est plutôt bien placé. Difficile de parler de ce magnifique album tant l’histoire est particulière et l’illustration étonnante.

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Dans cette histoire hors du commun, une petite fille qui grandit aux côtés de sa mère ne se résout toujours pas à parler malgré les années. D’abord inquiète, la mère va finalement composer avec cette singularité et, au fil du temps, créer une relation particulière avec sa fille. La découverte de la laine et du tricot va les rapprocher et leur permettre de créer un lien fort. La laine deviendra également un moyen d’expression à part entière pour cette petite qu’on finira par appeler « Lalènne » en écho au seul mot qu’elle consent à prononcer. Petit à petit, on pénètre dans cet univers qu’elle s’est construit et on découvre un peu sa vision du monde.

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[« Un papa, il faut que ça ait beaucoup de poches,
et dans ses poches, il faut qu’il y ait plein de bonbons. »]

A travers ce texte, Kim Seungyoun évoque les différences et l’importance de les cultiver. Dès les premières pages, on sent que l’enfant n’est pas comme les autres. On pense instinctivement au mutisme ou même à l’autisme. Lalènne ne parle pas, semble même éviter de regarder les gens dans les yeux, et pourtant on ne ressent aucun malaise. Sa mère l’aime comme elle est et partage de grands moments de tendresse avec elle.

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Lalènne s’accroche au tricot avec passion. C’est sans doute, au début, un exutoire à l’absence de son père et puis ça devient ensuite une évidence, un chemin à suivre. Elle développe des talents certains dans ce domaine, au point d’être reconnue pour ses créations. Avec un peu d’imagination, on peut penser que Kim Seungyoun parle d’elle et de tous les artistes qui ont osé pousser leur passion jusqu’au bout.
Ce livre est une ode à la différence, au lâcher-prise et à l’anti-conventionnalisme. Mais difficile de ne s’en tenir qu’à ça car les thèmes sont forts et nombreux.

Délicieusement rétro, l’illustration ne nous permet ni de situer ni de dater l’histoire. Seuls des détails vestimentaires et mobiliers nous donnent quelques infos. Kim Seungyoun a étudié le design et ça se sent. Elle est désormais aussi créatrice de mode pour enfants, et quand on voit les vêtements qu’elle dessine, on comprend pourquoi.
Ceux qui connaissent son précédent album (également publié chez Didier Jeunesse), verront peut-être parmi ses dessins le clin d’œil à « Chapeau-renard ». Un autre album à conseiller, mais c’est une autre histoire…

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EN PLUS : Une très intéressante interview de l’artiste par « Cahier de Séoul »

http://cahierdeseoul.com/kim-seung-youn-2/

Illustrations de Kim Seungyoun extraites de
La jeune fille à la laine
© Didier Jeunesse, 2013 pour la version française
© Textcontext, 2011 pour la version coréenne (« Yarn Yarn »)