Tigres à la queue leu leu
De Moon-Hee Kwoon
Quiquandquoi – 2008
Malheureusement a priori épuisé, le livre se trouve malgré tout, comme le veut l’expression, dans toutes les bonnes bibliothèques.
« Tigres à la queue leu leu » a deux particularités intéressantes.
La première, c’est que la couverture de cet album affiche clairement son origine étrangère. Aujourd’hui, on ne trouve guère plus de livre avec le titre original sur la couverture (a fortiori en littérature jeunesse).
Ici, on laisse entrevoir que l’histoire nous provient d’une contrée éloignée, que l’on sache reconnaître le hangeul ou non. C’est donc, dès la couverture, une promesse de voyage et de dépaysement !
La deuxième particularité, c’est que l’histoire repose sur un humour très coréen. Entendre par-là un poil scatophile, ou ce qu’on appelle plus communément l’humour « caca-prout » (qui, je peux vous l’avouer maintenant, me fait particulièrement rire !), et que l’on retrouve trop peu à mon goût dans l’édition jeunesse française. Si les parents en raffolent rarement -c’est en tout cas ce qu’ils veulent faire croire à leurs enfants- les petits lecteurs, eux, adorent ça. Alors pourquoi se priver ?!
Surtout quand l’album prône, comme ici, l’intelligence.
Dans un village de campagne, un jeune garçon passe son temps à dormir et manger. Sa mère désespère de le voir un jour se mettre au travail et participer aux tâches manuelles comme tous les autres garçons du village. Jusqu’au jour où elle le met au pied du mur. Mais lorsque l’enfant se met au travail, ce n’est pas pour rien !
Cet album oscille en permanence entre modernisme et tradition, ce qui rend l’histoire à la fois très ancienne et tout à fait d’actualité.
Sur un papier épais et jauni, et dans une campagne de ce que l’on suppose comme l’ère Joseon, les illustrations au pinceau de Moon-Hee Kwon frôlent le burlesque et le dessin de BD. On retrouve même quelques vignettes pour agrémenter les pleines pages et ajouter des détails sur les raccourcis qui ont été pris dans l’histoire.
On rit beaucoup dans cette histoire. Et ce, dès la première de couverture. Le tigre, avec son air craintif, laisse présager de drôles de choses. Les personnages enchaînent les expressions amusantes. Alors qu’il fait preuve de détermination en mettant en œuvre son idée de génie (il faut bien l’avouer) mais tout à fait machiavélique, le garçon conserve en permanence son petit air angélique. Et pendant ce temps, le pauvre chien, qui n’a pas le rôle le plus glorieux dans cette histoire, en a un peu assez d’être le dindon de la farce.
La morale de ce conte traditionnel n’est peut-être pas celle qu’on voyait venir, mais à la fin du livre, on se dit (quand on aime paresser comme moi en tout cas) qu’on adorerait être ce garçon aux idées lumineuses … ou, au moins, être l’auteur de cet album aux idées lumineuses !
A noter qu’un court-métrage tiré de l’album est en court de développement : http://www.filmsdelarlequin.com/fr/tigres-a-la-queue-leu-leu
Illustrations de Moon-Hee Kwoon extraites de Tigres à la queue leu leu
© Quiquandquoi, 2008