Kongjwi, l’autre Cendrillon
Lim Yeong-Hee & Marie Caillou
Editions Flammarion
Collection Père Castor
Paru le 16 octobre 2013
17 euros
Kongjwi, l’autre Cendrillon est une nouvelle collaboration franco-coréenne issu du répertoire des contes folkloriques coréens et une très belle surprise en cette fin d’année.
Kongjwi est une jeune fille dont la mère est décédée lorsqu’elle était petite. Son père s’est alors remarié à une abominable marâtre, adoptant par la même occasion sa fille tout aussi méchante. Brimée par ces deux femmes au quotidien, Kongwi est sommée de s’acquitter des tâches les plus laborieuses de la maison sans que son père ne s’aperçoive de rien. Lorsqu’un jour un grand bal est organisé, une fée offre une robe à Kongjwi. En chemin, elle perd un chausson et la suite, vous la connaissez…
On ne manquera pas, comme son titre l’indique, de rapprocher cette histoire de la célèbre Cendrillon. (Quant à savoir qui de la poule et de l’œuf est arrivé en premier…) Cependant, on note quelques différences qui donnent évidemment à cet album toute sa saveur.
Lim Yeong-Hee situe le conte dans l’ère Joseon (période pendant laquelle apparaît justement le conte en Corée) et dans un contexte bouddhiste à peine dévoilé, simplement évoqué par des éléments représentatifs de la religion comme le bœuf, le crapaud, le lotus… Le travail de Marie Caillou renforce d’ailleurs cette importance de la nature dans la culture coréenne. Ses illustrations grandioses (37 cm tout de même !) en pleine page, parfois même en double page, foisonnent d’animaux et de végétation.
Les couleurs fluos, d’abord surprenantes mais toujours harmonieuses, rendent hommage à l’élégance des femmes coréennes dans leur hanbok et illuminent le texte en évitant l’excès de pathos. Malgré les images saturées de couleurs, le lecteur n’étouffe pas et se laisse au contraire happer par cette atmosphère grâce au rythme posé des mots de Lim Yeong-Hee.
Comme très souvent dans les adaptations de contes traditionnels, l’auteur a choisi d’occulter la fin de la version originale qui est normalement un peu moins édulcorée – une sombre histoire de soupe et de corps broyés. (Grimm et Perrault n’y ont d’ailleurs pas coupé non plus.) Dans cette version, c’est la morale de l’histoire qui est mise en valeur. A travers les personnages qui vont aider Kongjwi à surmonter les obstacles, le conte nous dit que les plus travailleurs sont toujours récompensés.
Un album original à conseiller à partir de 5 ans.
Et pour ceux qui souhaiteraient découvrir la version coréenne dans son intégralité (en anglais):
http://en.wikipedia.org/wiki/Kongji_and_Patzzi (en anglais)
Illustration de Marie Caillou extraite de
Kongjwi, l’autre Cendrillon
© Flammarion Jeunesse, 2013″