Avec Le Jardin, Hye-Young Pyun signe de main de maître un thriller psychologique qui a reçu le prix Shirley Jackson aux Etats-Unis. Si le titre original en anglais The hole (Le trou) a laissé sa place à une version française plus poétique, il n’en demeure pas moins que le récit est sans égal pour perturber le lecteur et, cela, du début, à la fin.
Si l’histoire débute de manière assez classique, les mots de l’auteur donnent tout de suite le ton et très vite un malaise s’installe. Dans Le Jardin donc, un quarantenaire se réveille complètement paralysé et privé de parole, après un accident de voiture qui a coûté la vie de sa femme. Si le livre alterne entre récit présent et flash-backs, c’est pour mieux nous présenter la médiocrité de notre héros qui aura toujours subi sa vie comme il subit le fait d’être dissocié de son corps désormais. Sa femme n’avait pas mieux réussi que lui. On peut affirmer sans problème que le succès de celle-ci aura été le jardin de leur maison qu’elle se sera employée à remettre en état pendant plusieurs années.
Notre grand blessé se retrouve ainsi à domicile sous la garde de sa belle-mère, seule famille qui lui reste, sans pour autant la connaitre et dont il dépend complètement… Et les choses dérapent inévitablement surtout quand il se rend compte que sa belle-mère passe une grande partie dans le jardin de sa maison …
Le Time Magazine n’a absolument pas tort quand il affirme que Le Jardin d’Hye-Young Pyun est “Une version coréenne du Misery de Stefen King”.
Inutile de vous en dire plus à part vous recommander ce livre si vous êtes amateurs de frissons et de suspens. Hye-Young Pyun appartient à cette génération d’auteurs qui savent employer les mots justes reflétant le malaise régnant dans la société coréenne où la pression sociale ne faiblit jamais.
Le Jardin a été publié en 2019 chez Payot-Rivages dans la collection Rivage/Noir.