Soo Ja Pracca fait partie de cette première génération d’adoptés coréens arrivés en France dans les années 70, période de grande crise économique et donc sociale, entre chocs pétroliers et crises monétaire. Ils sont environ 12 000 en France et plus de 200 000 au niveau international. Dans le livre “Là-bas, sous le ciel clair”, Soo Ja Park nous livre le récit de sa vie et de ses ressentis sans jamais tomber dans le misérabilisme ou le pathétisme. Elle nous raconte son parcours d’enfant, de jeune fille, de femme adoptée, avec ses mots et ses émotions dans un style fluide et expressif parfaitement maitrisé.

Construction du récit

Les différents chapitres assez courts s’organisent dans une chronologie décousue entre passé lointain, passé proche et présent mais on ne perd jamais le fil et même si on le perd, on peut le retrouver très facilement. Le récit se développe entre deux pays la France et la Corée, dans un va et vient permanent qui donne un rythme très vivant à l’écriture. Si la majorité de la narration n’est pas fictive, quelques lettres ou pensées imaginaires voire désirées s’immiscent à l’intérieur dans une typographie qui diffère du reste du récit.

Les blessures de l’adoption

C’est avec sa sensibilité que Soo Ja Park aborde un sujet intime dans lequel beaucoup se reconnaitront. Nous avons croisé le chemin de nombreux adoptés d’origine coréenne en France et en Corée et on retrouve souvent les mêmes blessures et les mêmes interrogations. “Qui suis-je ? Qui sont mes parents de sang? Pourquoi est-ce que j’ai ce sentiment de manque? Pourquoi est-ce que je me sens différent ? Où est ma place? Quel sens donner à ma vie? ” Et bien d’autres questions encore…

Nombreux sont ceux qui reviennent en Corée trouver des réponses à ces questions. Certains auront des réponses, des réponses souvent violentes car comme le souligne l’auteure, on abandonne son enfant dans des circonstances très tragiques. D’autres n’en auront aucune. Certains feront le choix de rester en Corée et s’y perdront. D’autres y feront des passages réguliers . Quelques uns ont réussi à s’intégrer à leur terre natale. On retrouve ces différents portraits dans les rencontres réalisées par Soo Ja Pracca à Séoul qui assiste aux errances des uns et des autres mais aussi à la sienne. Et même si on a des réponses, on n’arrive toujours pas à trouver sa place.

Suivre son destin

Finalement, Soo Ja Parka n’a certainement pas eu toutes les réponses qu’elle souhaitait mais elle n’aura de cesse de partir à la quête de ses origines. C’est la perte de son père adoptif et sa rencontre avec une chamane qui vont lui donner des réponses et confirmer les décisions à prendre pour son futur. Ces évènements vont lui indiquer où se trouve sa place parce que finalement chacun est maitre de son destin. C’est un combat de femme qui dure toute une vie mais dans ce parcours, on finit par trouver du sens à sa vie. La maternité, notamment, va lui apporter une belle réponse . La dédicace du livre “A ma fille” en témoigne tout particulièrement.

L’écriture permet aussi d’apaiser certains maux et c’est certainement aussi dans cet objectif que Soo Ja Pracca a pu évoquer son histoire et celles de milliers d’autres personnes qui sont si différentes mais si proches à la fois, entre deux cultures.

Invitation

Nous vous invitons à plonger sans plus attendre dans le récit intimiste de Soo Ja Pracca. En effet, celle-ci, à travers sa vie, nous interroge sur les problèmes liés à l’adoption. S’il y a beaucoup de questions, on ne saurait dire s’il y a véritablement de réponses. Ainsi, chacun est libre d’apporter sa propre réponse…

Pour plus de renseignements, nous vous conseillons de vous rendre sur la page de l’éditeur L’Atelier des Cahiers : http://www.atelierdescahiers.com/lagrave-bas-sous-le-ciel-clair.html