Et de 3. C’est déjà le troisième groupe de rock indé coréen qui vient à Paris en 2014, après Smacksoft qui a joué jeudi 17 avril, et Goonam qui avait fait une folle équipée française en février. Cette fois-ci débarque à Paname un parrain de cette scène rock indé, 3rd Line Butterfly 3호선 버터플라이, qui survole la concurrence avec ses chansons subtilement paradoxales, évidentes et complexes, mélancoliques et énergiques, mélodiques et dissonantes.
Concerts rock franco-coréens en France les 27, 28 et 30 avril
3rd Line Butterfly joue le dimanche 27 avril à l’Espace B, dans une des meilleures salles parisiennes, et le lundi 28 au Buzz, nouvelle salle de Belleville très en vue, qui avait déjà accueilli Goonam, enfin également le 30 avril à Nice. Mieux encore, ils joueront avec un autre groupe, My Way Killing, formé d’un français vivant en Corée, de la chanteuse de 3rd Line qui se met à la basse, et d’un batteur vétéran du rock local.
3rd Line Butterfly, son subtil et énorme présence scénique
3rd Line Butterfly n’est pas étranger à l’Europe : ils sont même déjà venus jouer à Paris en 2006 (avec un bon buzz à l’époque) et leur son a également une influence européenne. Le groupe est en effet, à mon avis, quasi le seul en Corée à essayer de tutoyer la richesse sonore des grands groupes européens type Radiohead. C’est évident dans leur dernier album, Dreamtalk, primé en 2012 comme le meilleur album de rock aux Korean Music Awards, qui sonne comme aucun autre album de rock coréen. La richesse sonore obtenue par le groupe est notamment liée à deux de ses membres, Kim Namyoon le bassiste, également ingénieur du son, et Sung Kiwan le guitariste, également professeur de design sonore dans l’école d’art Kaywon, la plus créative du pays. Sur scène, les quatre musiciens bénéficient maintenant de la présence d’un musicien de session, touche à tout particulièrement brillant, qui dynamise leur son. Mais ce qui retient l’attention du public est aussi la présence de la chanteuse Nam Sangah, égérie qui donne une folle intensité aux mélodies du compositeur Sung Kiwan. Sa voix gagne en puissance au fil des années pour devenir une des plus belles qu’on puisse entendre en Corée.
Ligne exigeante mais populaire
3rd Line Buttewrfly a 15 ans d’existence et autant d’aventures. Ils ont démarré fort en composant les chansons du drama Do It Your Way 네 멋대로 해라 en 2000, qui faisait débuter entre autre Jang Donggun ou Gong Hyojin et raconte le parcours de musiciens comme les 3rd Line : des artistes de Hongdae qui, encore maintenant, gagnent à peine leur vie via leur musique. Il reste en effet difficile de sortir du cercle « indé » en Corée, par manque de soutien des médias et du gouvernement (et y’a pas d’intermittence en Corée), obsédés par la seule K-pop. La ligne qu’a choisi 3rd Line est assurément courageuse : être à la fois exigeant et populaire. Leurs chansons sont parfois des tubes d’une grande évidence, ainsi, parmi celles de leur dernier album, 너와 나, et parfois des voyages musicaux très audacieux, ainsi 꿈속으로. Ils cherchent comment renouveler la musique pop coréenne sans tomber dans les facilités de nombre de groupes soi disant « indés » qui font de la K-pop déguisée en acoustique mignonne ou en rock gentil. Leur objectif est atteint avec une chanson comme 헤어지는 날, primée aux Korean Music Awards 2012, sublime ballade qui vire au post-rock bruitiste. Leur interprétation de cette chanson dans l’émission 밴드의 시대 (ci dessous), montrait que quand on leur en donne les moyens, les 3rd Line sont impressionnants comme aucun groupe de leur génération en Corée.
My Way Killing, punk funk sexy franco coréen, yeah
My Way Killing est quasiment inconnu puisqu’ils n’ont fait qu’une poignée de concerts, mais qui ont répandu une flatteuse rumeur comme une trainée de poudre. Punkfunk comme ils se définissent, sexy en diable, aventureux, cherchant l’inspiration dans des recoins de beauté comme de noirceur, dans les langues anglaises comme françaises, c’est un son comme on en avait encore pas entendu. Et encore moins en Corée. Ça nous évoque ainsi les très modernes The Kills pour le côté rock poisseux sur ligne de basse basique avec duo de voix sexy homme femme, ici franco-coréen : le chanteur/guitariste, Gregor Mc Ghee (français mais avec des origines écossaises) et la chanteuse/bassiste, Nam Sangah, chanteuse de 3rd Line Butterfly. Le groupe est aussi sous l’influence de Prince, dont Gregor est un grand fan, enfin son style de guitare cherche aussi du côté de Neil Young (versant électrique). Deux géants qui sont, chacun dans leur genre, de grands mélodistes. My Way Killing regorge en effet de belles mélodies, ainsi nous reste en tête celle de Silencieuse (voir vidéo). C’est un de leurs titres les plus marquants parce que aussi chanté à la fois en français et en anglais.
Le groupe a assez de chansons pour remplir un album, qu’il prévoit d’enregistrer à leur retour de France, avant de réattaquer la scène cet été. Gregor Mc Ghee vit depuis des années en Corée et a formé de nombreux groupes, en Corée, comme avant en France. Il a également accompagné 3rd Line Butterfly en concert pendant quelques temps, et est comme le cinquième membre du groupe… surtout au moment de venir avec eux en France et gérer une colonie de huit coréens pour trois concerts, à budget réduit. Ce sera, comme on dit dans ces cas là, rock’n’roll.
Par ailleurs, 3rd Line Butterfly joue chez eux avec d’autres excellents groupes coréens ce dimanche 20 avril 17h au Muv Hall Hongdae.
Concerts en France
Dimanche 27 avril, Paris, Espace B, 16, rue Barbanègre Paris 19, 7/10 euros
Lundi 28 avril, Paris, Le Buzz, 106 bd de Belleville, 75020, 5 euros
Mercredi 30 avril, Nice, Espace Magnan, 31 rue Louis de Coppet 06000, 8 euros