ORIGINE DU MOT K-POP ET DU HALLYU
Comme vous l’avez lu dans la première partie (lien: https://inside-corea.com/musique-histoire-kpop-origines-1995/ ), SM Entertainment fut créé par Yi Su Man en 1995. La décision fut prise suite au succès en 1992 du groupe Seo Taeji & Boys avec l’influence américaine visible du rap, du modern folk, du modern pop-rock, du R’n’b, de la techno ainsi que de la pop japonaise lors de leur performance. Avant Seo Taeji & Boys, le mot K-pop n’existait pas au sens international que l’on connait aujourd’hui. Dès l’avènement de SM Entertainment, la K-pop devint de plus en plus populaire et son heure de gloire mondiale a réellement débuté en 2002, par le biais de la coupe du monde de football organisée par la République de Corée et le Japon.
Performance de Seo Taeji & Boys en 1992 (1:20 à 4:40):
https://www.youtube.com/watch?v=_boAWQ9I25A
Lors de cet événement, des groupes comme Baby V.O.X. et BoA sont devenus premiers dans le top musical japonais. Ensuite, l’artiste Rain a sorti son premier album en Chine et y a effectué son premier concert, lequel s’est soldé par un succès immense. En plus de la Chine et du Japon, d’autres pays d’Asie du sud-est ont été influencés et ont pris part à cet engouement. Ce fut notamment le cas de la Thailande, du Vietnam, de l’Indonésie, de Singapour, des Philippines et de la Malaysie. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui, le marché prédominant et rapportant la plus grande part à l’exportation est donc le sud-est asiatique. Il aura fallu attendre 2010 pour que ces groupes commencent à conquérir l’Amérique du nord, l’Amérique du sud et l’Europe.
Une chose est importante à savoir. Le mot Hallyu est une transcription du phonétique chinois désignant le mot “Hanliu”, grande vague Han. Le Han fait référence à la Corée puisqu’en Chinois, le pays se dit “Han Guo”. Si aujourd’hui la Kpop moderne est connue internationalement, c’est donc grâce à l’engouement des chinois depuis la fin des années 90 pour ce genre musical coréen. Cela ne s’arrête sûrement pas à la musique mais englobe aussi l’intérêt suscité des populations chinoises pour les séries Dramas. La Corée doit donc sa notoriété musicale et cinématographique à la population de la République Populaire de Chine.
LIEN ENTRE POLITIQUE ET K-POP
La musique d’après guerre consistait, en général, en des mélanges de pop américaine, blues/jazz et de trot, pourtant hautement censurés par les politiciens coréens considérant alors que certaines images étaient jugées trop immorales ou provocantes. Des paroles furent également censurées car elles pouvaient provoquer l’Etat et nuire à la sécurité nationale. Il faut savoir que la Corée du sud de 1961 à 1993 est une dictature militaire et que, malgré l’image donnée par le gouvernement montrant une population énergique et heureuse de vivre, la réalité fut tout autre. Ces chansons mélangeant trot et culture pop américaine permettaient de faire face aux instabilités politiques et à l’autocratie militaire que la Corée a connu depuis l’avènement au pouvoir de Park Jeong Hee en 1961.
Il faut aussi savoir que, lors de la grande influence américaine des années 60 et 70, les patrouilles de police se chargeaient également d’appréhender les individus dans les rues, notamment ceux qui protestaient contre la guerre au Vietnam mais également d’interpeller les hommes qui portaient des cheveux trop longs et des vestes en cuir ainsi que les femmes portant des jupes trop courtes. Pour l’Etat coréen, cette mode physique et vestimentaire était un signe d’appartenance de la communauté pop-rock, laquelle provoquait sans cesse les lois de l’Etat coréen. De par cette censure et de cette non liberté, il est vrai que plusieurs artistes se sont tournés vers le rock pour revendiquer la liberté et mettre un terme à la dictature, d’où les arrestations massives concernant ces signes extérieurs.
De nos jours, il y a une nette amélioration même si la censure est toujours bien présente. Après l’avènement du président Kim Youngsam en 1993 à la suite de la démission du dictateur Roh Taewoo, les chanteurs et les chanteuses des groupes expriment de plus en plus leurs premières histoires d’amour. Ils se touchent, se câlinent et s’embrassent. Ils se montrent un peu plus ouvert au sexe opposé même s’il existe toujours une certaine anxiété à le montrer en public. En effet, le fait de pouvoir exprimer ces émotions par le biais de clips vidéo prouve officiellement que la société coréenne a évolué mais officieusement c’est tout à fait l’opposé. Lors de mes très nombreux voyages en Corée mais aussi d’après mes amis qui y vivent depuis des années, les dramas et la kpop ne montrent à aucun moment la réalité de la société coréenne.
CE QUE LE GOUVERNEMENT CORÉEN VOUS CACHE
L’industrie de la K-pop génère publiquement chaque année 3,4 milliards de dollars dans le monde mais il est intéressant de se demander à quel prix? En effet, le décor est souvent inconnu et même très mal connu des occidentaux et orientaux.
L’industrie de la K-pop moderne a aussi son côté “Dark” comme avec, par exemple, les Sasaeng. Il s’agit de fans ayant des obsessions les plus dingues telles que l’harcèlement moral et sexuel ou bien l’emploi de la chirurgie esthétique pour paraître comme leurs idoles. Ayant des liens privilégiés avec la police coréenne, je sais donc de source sûr que les Sasaeng ont déjà posé des caméras cachées en entrant par effraction chez les artistes et sont même arrivés à passer à l’acte en entraînant la mort d’autres fans par pure jalousie mais également de civils n’ayant aucun rapport avec ce monde-là. En finalité, c’est un monde très superficiel et dangereux où les “chorégraphies” et les “chants” tentent à effacer ce décor inconnu du grand public.
Quelques faits de Sasaeng:
– Avoir bloqué avec leurs véhicules les quatre côtés du van du groupe Big Bang pour avoir une photo avec eux.
– Une tentative de Kidnapping sur la personne de Kim Yoojung, une jeune actrice
– Faire arrêter une cérémonie de mariage d’un ami proche du membre Baek Hyun d’Exo
– Avoir provoqué un accident de voitures entraînant 7 véhicules de civils dont celui de Heechul et Leeteuk sur la route menant à l’aéroport d’Incheon pour simplement prendre une photo.
– Installé des caméras CCTV chez le membre Yoochun de JYJ.
Selon un ami spécialiste en K-pop, 95% des artistes ont eu recours à la chirurgie esthétique pour paraître parfait à la télévision et être choisis par les producteurs. Selon ce même spécialiste, la K-pop engendre des abus sexuels à cause de l’image trop dénudée donnée à la femme dans les clips vidéo puisqu’il apparaît qu’en statistique, 70% des groupes sont féminins et 82% des fans sont masculins. Il a été reporté à plusieurs moments que certaines artistes féminines ont dû stopper leur carrière suite à des harcèlements sexuels des Sasaeng mais aussi des managers et des producteurs. La K-pop est devenue, selon ce spécialiste, un mouvement musical anarchique où tout est permis et rien n’est puni.
Tant que l’argent coule à flot, la corruption est possible. De plus, la discrimination est également présente puisqu’elle écarte les femmes qui sont artistiquement parfaites mais physiquement imparfaites. Ceci renforce l’idée de ce monde idyllique basé sur le capitalisme à l’état pur, sur la perfection de l’image de la femme (et de l’homme), et non basée sur la performance artistique et sur les émotions qu’une chanson, une musique et une voix peuvent provoquer. Il arrive aussi que ces excès mènent les artistes au bord de la dépression et, dans le pire des cas, au suicide (par exemple la très célèbre U-nee s’est suicidée à 26 ans dû, en partie, à une grosse dépression liée à son travail de chanteuse).
MON AVIS PERSONNEL DE L’APPARTENANCE DE LA K-POP A LA CULTURE CORÉENNE ?
J’interviens avec mon propre ressenti et je commencerai par dire que chacun a le droit d’ exprimer sa propre opinion. Après avoir donné 15 années de ma vie à ce pays, en étudiant tout dans sa globalité (sauf l’histoire qui est ma passion et pour laquelle je suis optimal), je pense que beaucoup de personnes seront en désaccord avec ma vision des choses. La question de l’appartenance réelle de la K-pop moderne à la culture coréenne est donc un point très délicat à aborder. Pour nous européens, il s’agit de musique mais pour les coréens, il s’agit d’un certain prestige de la réussite sociale en Corée. En effet, il va de soi que la plupart des fans européens sont en admiration totale devant les célébrités coréennes de la K-pop mais en Corée, le mot célébrité n’a pas le même sens que pour nous. Une célébrité en Corée est une personne qui touche à tout et qui ne se contente pas d’une seule voie. Il est vrai que la danse et le chant ont, d’une manière culturelle, fait vivre le peuple coréen à travers les siècles, ce qui pourrait remettre en cause mon opinion concernant la non- appartenance de la Kpop à la culture coréenne.
Cependant, j’évoque la culture d’un peuple pour le peuple et mon opinion de SM Entertainment est bien de créer de la musique à finalité économique poussée, c’est-à-dire que les artistes ne chantent plus pour chanter mais bien pour produire de plus en plus d’argent. Dans mes études de tourisme, nous appelons cela du Tourisme de masse quand il s’agit d’envoyer énormément de clients à un point touristique donné. Dans la musique coréenne, je dénomme ça Mass Money Industry. Nous savons bien que Yi Su Man s’est enrichi sur le modèle du capitalisme à l’américaine c’est-à-dire en fabriquant une usine (industrie de la Kpop) travaillant à la chaîne (les artistes).
Il est vrai et je le conçois également, que la Kpop moderne a considérablement amélioré la musique coréenne et qu’elle a permis de placer la Corée sur la scène internationale. Toutefois, il ne m’a pas fallu écouté de la Kpop ou bien voir des dramas pour m’intéresser à ce pays. Je pense personnellement et je suis toujours en train d’évoquer ma propre vision des choses, que si une personne a de l’engouement pour un pays, il lui suffit de s’y intéresser via des ouvrages, des documentaires ou bien en correspondant avec les locaux. C’est ainsi que j’ai débuté mon apprentissage de l’histoire et de la culture coréenne et que j’ai débuté des échanges à partir de l’an 2000 avec des coréens. Seulement, une bonne partie des personnes ne voient pas la matière histoire à l’école comme quelque chose d’important or ceci est une grave erreur de penser de cette manière puisque l’histoire permet de connaître les fondements des cultures étrangères et en connaissant la manière d’être, d’agir, de penser, de faire propre à une culture étrangère, on évite les sous-entendus et à faire des erreurs. On se rend ainsi compte que les dramas et la Kpop ne reflètent en rien la société coréenne actuelle et on finit par écrire un article portant sur le développement de ce genre musical à travers le 20ème siècle, pour, in fine, voir cette industrie sous un angle différent.
Pour moi, la Kpop est donc une culture musicale à elle seule et à part entière, laquelle s’est créée un monde idyllique mais qui n’est toutefois pas en corrélation avec la culture musicale coréenne d’origine, proprement dite, puisqu’elle a subi des influences extérieures depuis la guerre de Corée.
Source: mes notes personnelles
+ http://www.news.com.au/
Merci pour cet article ! Je n’avais pas fait le lien entre l’émergence de la K-Pop et le conexte politique (notamment la dictature de Park Chung Hee).
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