Face à cette barrière frontalière, démarquée au 38e parallèle, la zone démilitarisée, plus
connue sous le sigle de DMZ, qui sépare symboliquement depuis plusieurs décennies la
Corée du Nord de la Corée du Sud, se montre comme une véritable attraction touristique
avec des allures de carte postale pour les curieux qui souhaitent découvrir la zone
coréenne démilitarisée.

Excursion à la zone démilitarisée coréenne

Un moyen de transport est nécessaire pour quitter la capitale sud-coréenne si vous avez
ce plaisir coupable de vous rendre à la DMZ, qui sépare la Corée, autrefois unifiée avant
la guerre froide, sur réservation bien évidemment.
En effet, les places ne sont pas données puisque, si vous souhaitez vous y rendre, vous
devrez trouver une date disponible dans le calendrier de vos vacances. Après tout, visiter
la zone démilitarisée ne se fait pas à l’improviste.


Lorsqu’on découvre la première étape de cette zone démilitarisée, la visite se fait dans
l’intimité, dans un aspect presque religieux lorsqu’on saisit les symboles historiques des
deux Corées : les plaques et les restes des chemins de fer qui reliaient la Corée du Nord
à la Corée du Sud (détruits symboliquement en 2024 par Pyongyang pour couper
définitivement ses liens avec Séoul), un train rouillé, usé par les décennies qui
s’écoulent, des statues en bronze qui regardent paisiblement les passagers ainsi qu’un
mémorial rendant hommage aux victimes de la guerre de Corée.


Mais ce serait une erreur de ne pas continuer si vous n’êtes pas avare de découvertes et
de curiosité : pour cela, veuillez prendre les téléphériques.


Transporté par ces cabines qui survolent le terrain miné qui sépare le camp Greaves de
la station, un moment de silence permet de découvrir que la nature a repris ses droits
sur ce grand terrain vague.


Le camp Greaves aura plus des allures de musée et de mémorial que de camp ou de
base militaire américaine. Retraçant les différentes étapes historiques de la guerre de
Corée, de l’après-guerre et de l’apparition de la zone militarisée, vous plongerez dans les
mémoires de ceux qui ont vécu la séparation de la Corée, de ceux qui ont porté
l’uniforme et ont été témoins de cette démarcation à la 38e parallèle, ainsi que quelques
photographies qui immortalisent cette période unique.

Malheureusement, le temps est limité et il est important de rejoindre le bus pour se
rendre au deuxième checkpoint.

Aux avant-postes de la Corée du Nord

C’est à la deuxième étape que nous sommes au plus proche de la frontière nord-
coréenne. Une fois descendu du bus, dans un premier temps, vous découvrirez un spot aux allures de carte postale où vous pourrez prendre des photos pour laisser une
empreinte de votre visite. À la suite de cela, vous pourrez regarder un mini film
documentaire expliquant, dans les grandes lignes, l’histoire de la DMZ et de la tentative
d’invasion de la Corée du Nord à travers les tunnels qu’ils avaient construits, dont vous
aurez la chance d’explorer l’une d’entre elles juste après le visionnage, la présence
d’appareils photo et de téléphones y étant strictement interdite.


Ensuite, un peu plus haut de ce spot, vous entendrez une musique étrange au loin,
sonnant avec des airs patriotiques. C’est à ce moment que votre guide vous interpellera
pour vous annoncer qu’à heure fixe, les annonces et les chants patriotiques du régime
nord-coréen résonnent jusqu’à la frontière, démontrant de facto que vous n’êtes qu’à
quelques kilomètres de ce pays et de la prochaine ville nord-coréenne, dont la musique
lui est destinée. Par ailleurs, à travers la vitre de l’observatoire, vous verrez au loin la ville
nord-coréenne.
Il est important de savoir qu’il n’est maintenant, et cela jusqu’à nouvel ordre, plus
possible de visiter la zone de sécurité commune (JSA) après qu’un soldat américain,
pendant la visite, a franchi la JSA sans autorisation en 2023. Cette étape de ce voyage
organisé est donc suspendue du parcours pour le public standard, ce qui toutefois
n’empêchera pas de finaliser le parcours près d’un pont suspendu.

Repli stratégique au pont rouge

Le pont suspendu de Gamaksan a une valeur très symbolique, en plus d’être un lieu
panoramique pour les touristes. Le narratif symbolique de ce pont nous conte à la fois
une histoire de paix et de réunification puisqu’il relie deux falaises, avec une métaphore
visuelle d’un pont entre le Nord et le Sud, surtout que ce lieu était connu pour être une
zone stratégique remplie de barbelés et de fortifications pendant la guerre.
C’est également un symbole de mémoire, puisque la couleur rouge de ce pont rappelle
non seulement le sang versé pendant la guerre, mais aussi un symbole d’espoir, de
résilience et de courage, puisque le rouge, dans le design sud-coréen, représente ces
éléments dans l’esprit des Sud-Coréens.

Ce pont suspendu est donc une passerelle vers la paix et vers un avenir apaisé, qui
montre le souhait des Sud-Coréens de la réunification pacifique d’une seule Corée avec
le Nord afin de mettre fin aux tensions et aux remparts qui les séparent depuis le conflit.


La visite de la zone démilitarisée montre bien, à travers son parcours, que ce n’est pas
une zone remplie de barrières, de bunkers, de champs de mines et de murs fortifiés
comme pourraient l’imaginer les touristes, mais bien un point de contact historique et
symbolique entre les deux Corées, qui se cherchent plus qu’elles ne se déchirent, avec
l’espoir de la réunification d’une seule Corée dans la péninsule.

Christopher Armstrong