Les Coréens vivent dans l’instant.
Dimanche 9 avril, Séoul. 8h43.
Le soleil se lève, et se tient prêt à tanner ma peau d’ici quelques heures. Le temps de boire de l’eau chaude avec du miel de riz. Rien de traditionnel. Juste quelque chose que j’aime. La vapeur de ma tasse encore chaude crée une atmosphère San Francisco. Je m’imagine ailleurs. Les briques rouges, mes pieds qui frôlent le froid d’un sol brut. Mes mains cherchant du réconfort dans la chaleur du mug, mon cœur cherchant une saveur dans ce breuvage.
La vie, ici, est souvent ponctuée par une ballade coréenne. Triste, déchirante, et chaque personne ayant vécu ici peut vous raconter une histoire où se mêlent trahison, incompréhension, émotions troubles et déchirures. Comme si la douceur vive d’un souvenir pouvait vous écorcher vif.
Dans le labyrinthe d’une réflexion ponctuée de points d’interrogation, les exclamations de raison font rage dans des pages de vie que nous mettrons par la suite entre guillemets. Comme si, rien n’était arrivé. Un prologue puis une conclusion, sans histoire entre la première de couverture et la quatrième. Peut-être pour cela, que le quatre évoque la mort dans les chiffres sino-coréens.
Les Coréens vivent dans l’instant et les décisions se prennent sur le moment. D’un pas fort, qui cache sans doute une fébrilité mentale, les Coréens avancent, s’avancent dans les relations pour y entrer ou en sortir. Des décisions que chacun regrettera par la suite. Parfois la nuit même. Envie, peur, nécessité. Trois éléments qui régissent la vie de chaque être.
Peut-être, est-ce ce monde qui est déréglant. La vie, telle un étau qui empêche de rendre simples les choses compliquées, qui nous permet de rationaliser ce qui ne l’est pas. Finir ce qui n’a pas commencé. Dompter ce qui n’a pas lieu de l’être. Être ce qui ne devrait pas exister.
La vie en un clic. Clic tu es bloqué. Clic tu disparais. Clic tu appartiens au passé. Clic je ne sais plus d’où je viens mais google sait où je vais.
Ici. Tout va plus vite. Sauf la guérison.
R.