Aujourd’hui, 9 octobre, la Corée du Sud est en fête ! En effet, on y célèbre la journée du Hangeul (한글날), l’alphabet coréen, inventé par le roi Sejong le Grand (세종대왕). Cette année, le Hangeul (한글) fête ses 568 ans d’existence et c’est avec fierté et honneur que nos amis coréens rendent hommage à la beauté de cet alphabet qui, aujourd’hui encore, reste l’héritage culturel le plus précieux de la Corée du Sud ! Retour sur l’origine et le fonctionnement de ce système d’écriture considéré comme l’un des plus performants au monde …
Invention du Hangeul par Sejong le Grand :
Avant d’avoir son propre alphabet, la Corée du Sud utilisait l’alphabet chinois appelé « Hanja ». Toutefois, à cause de la quantité conséquente de caractères (plusieurs dizaines de milliers), cet alphabet était difficile à apprendre, surtout pour les personnes de statut social peu élevé. En effet, la Corée du Sud faisait alors face à un fort taux d’illettrisme, puisque seules l’aristocratie et l’administration avaient assez d’éducation pour apprendre le Hanja. Le roi Sejong, au pouvoir dès 1418, décida alors de créer un nouveau système d’écriture, accessible à tous !
Ce projet, qui fait l’unanimité auprès des classes inférieures, rencontre toutefois de vives oppositions. En effet les nobles, appelés Yangban (양반), sont farouchement opposés à ce projet car ces derniers craignent qu’il ne bouleverse l’ordre social. De ce fait, le roi Sejong fut contraint de rester très discret sur ses travaux et dut garder cette création secrète jusqu’à son aboutissement.
C’est finalement le 9 octobre 1446 que le Hunminjeongeum (훈민정음), première version du Hangeul, fut présenté. Par le biais d’un ouvrage portant le même nom, et expliquant la logique des caractères à travers leur forme, le Hunminjeongeum fut ainsi enseigné à la population. Mais la création de cet alphabet simplifié rencontra de nombreuses controverses : les intellectuels tout d’abord, puis les gouvernements, s’opposèrent successivement au Hunminjeongeum. D’ailleurs en 1504, le roi Yeonsangun (연산군), successeur de Sejong, fit interdire son usage et son apprentissage, et fera bannir les documents rédigés avec cet alphabet. En 1506, ce fut au tour du roi Jungjong (중종) de supprimer le ministère de l’écriture Hunminjeongeum. Heureusement, l’alphabet persista et traversa les âges, notamment grâce aux femmes et aux classes les moins éduquées.
En 1894 enfin, le Hunminjeongeum est réhabilité lorsque les autorités japonaises imposent au royaume de Joseon d’abandonner le système administratif chinois et demandent aux Sud-coréens d’adopter le coréen moderne comme langue officielle. Le terme d’Hangeul (한글) est alors utilisé pour la 1ère fois en 1912 par Chu Si-gyeong (주시경), et signifie à la fois « grande écriture archaïque » et « écriture de la Corée » en coréen moderne. Outil majeur de la résistance coréenne durant la guerre, son utilisation explose à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une fois le Japon vaincu. Le Hangeul permet alors d’alphabétiser rapidement l’ensemble de la population et s’impose définitivement comme langue officielle de la Corée du Sud. A partir de 1995, même les journaux coréens cessent d’employer les caractères chinois et adoptent le Hangeul comme seul mode d’expression.
Le Hanja, quant à lui, est aujourd’hui encore utilisé et enseigné, mais il ne sert plus qu’à distinguer des homophones (souvent homographes en Hangeul), à ajouter des nuances ou à affirmer un parti pris.
Qu’est-ce que le Hangeul ?
Étymologiquement, le mot « Hangeul » (한글) est composé de deux mots : « Han » (한) signifiant « grand » et « Geul » (글) désignant « l’alphabet ». Hangeul fait donc référence au « plus grand alphabet » et a pour rôle d’incarner « l’alphabet correct pour guider le peuple ». Enseigné à travers le livre nommé « Hunminjeongeum », il se compose originalement de 28 lettres. Au fil du temps, quatre lettres sont finalement abandonnées, donnant naissance au Hangeul moderne. Aujourd’hui encore, ce système d’écriture fonctionne par combinaison de 2, 3 ou 4 des 14 consonnes et 10 voyelles existantes, afin de former un ensemble d’une syllabe. Les consonnes font référence au ciel, à la terre et à l’humain. Quant aux voyelles, elles sont composées de traits, reprenant l’image de la bouche lorsqu’elle prononce ce son. Au total, on ne recense pas moins de 40 combinaisons possibles !
En récompense de toutes ses vertus, le Hangeul a même été ajouté dans le registre « Mémoire du Monde » de l’UNESCO en octobre 1997. En effet, le Hangeul est non seulement un alphabet ludique et efficace, mais il constitue également un système unique et scientifique qui permet de retranscrire toutes les langues du monde en coréen ce qui en fait un élément clé de la culture coréenne et un héritage culturel unique en son genre. Un héritage donc très précieux, qui fait depuis de nombreuses années la fierté des Sud-Coréens et l’admiration du monde entier !
Justine Goepfert
Information :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hangeul
http://french.visitkorea.or.kr/fre/SI/SI_FR_4_5_1.jsp?cid=1394360
Images :
http://tantemari.blogspot.fr/2012/11/king-sejong.html
http://wallpaperswiki.org/king-sejong-statue-korea/
http://alexispmiller.blogspot.fr/2010/06/abcs-of-hangul.html
http://mymariamargareta.blogspot.fr/2011/10/hangul-day-part-2-hunminjeongeum.html