Comme tous les étés en Corée, les films d’horreur déferlent sur les écrans en même temps que la pluie sur nos têtes. Et une autre tendance du cinéma coréen se confirme, les films “omnibus”, compilation de plusieurs courts métrages pour former un long métrage. D’où ces “Horror stories” 무서운 이야기 2. Le deuxième de la série est en salles, il s’agit de trois courts métrages reliés par un quatrième film.
Mais en fait seul un de ces quatre morceaux vaut vraiment le coup, le troisième segment, 탈출, Evasion, un délire loufoque qui ne ressemble à rien de connu. A l’inverse, le premier et le deuxième sont truffés d’effets numériques et sonores mille fois revus, le deuxième étant en plus un grand gloubi boulga de thèmes qui essaie de faire peur (et rate) avec n’importe lequel cliché.
Un délire baroque
탈출, Evasion détonne par son originalité. Il est d’abord beaucoup plus comique que horrifique et s’il ne fait pas peur au final, il nous fait vraiment marrer. Il raconte les déboires d’un benêt qui s’appelle réellement “pyeongshin” (attardé, handicapé, injure très classique en Corée), affublé d’une famille de dégénérés zombifiés hilarants. Il obtient un poste dans un lycée de filles incontrôlables et il se fait humilier en une journée. Une élève le prend en pitié au moment où il tente de se suicider et lui fait faire tout un parcours initiatique. Cela doit libérer le “pyeongshin” de sa famille et l’amener dans le groupe satanique formé par l’élève et ses copines.
L’histoire est très foutraque et pleine de digressions, mais qu’importe si on s’y perd ou ne comprend pas toujours les dialogues. Ce qui compte, est l’invention constante des séquences et le crescendo de délire qui mène notre héros littéralement en enfer. Les idées visuelles n’ont ici rien à voir avec des gimmicks numériques, c’est bien plus original.
Certaines séquences sont vraiment sidérantes, ainsi quand le professeur et l’élève s’amusent à parodier les voix de mauvais films d’horreur. Ou comment le groupe de quatre copines, jouées par des actrices déchainées, expliquent la méthode abracadabrante pour atteindre l’enfer. Un bon film sort rarement de nulle part, et celui-ci est effectivement une nouvelle œuvre de Jung Bum-shik 정범식, réalisateur d’Epitaph 기담, film d’horreur baroque qui avait été très remarqué à sa sortie.