Il y a 3 jours, c’était le 25 juin, date du début de la guerre de Corée (1950-1953). J’aimerais ainsi rendre hommage au corps des volontaires belges qui se sont battus en Corée à cette époque. Non pas pour faire l’apologie de la guerre mais bien pour rappeler qu’il y a des jeunes gens qui ont tout sacrifié pour les autres, allant au devant de risques inconsidérés, en connaissance de cause puisque la plupart d’entre eux ont connu la Seconde Guerre Mondiale 5 à 10 ans auparavant. Ce qui m’interpelle dans la décision des volontaires belges, c’est le choix porté d’aider un pays méconnu encore à l’époque, situé à l’autre bout de la terre (par rapport à nous), et ayant cet esprit de liberté et des qualités d’entraide, de dévouement, de courage, et en quelque sorte d’altruisme, ce qui pourrait être paradoxal selon la vision actuelle de certaines personnes à propos du métier de militaire de terrain. Autant les volontaires français que belges se sont engagés dans une guerre qui ne les concernaient pas au sens premier du terme c’est-à-dire qu’ils savaient que leurs gouvernements respectifs exploitaient ce désir de commercer à l’avenir avec l’Orient et notamment la Corée. Et pour cela, ils devaient participer à la défense de cette nation coréenne, et ce, sous l’appel des Nations-Unies. Dans un autre article, je vous parlerai de ce qui découle derrière ce conflit, entre politique, stratégie et liberté entachée.

La photo ci-dessous est tirée du livre “Une saison en Corée, du Kamina à l’Imjin”. Au-dessus, vous pouvez apercevoir des soldats belges au repos avec des enfants coréens en 1951, et en-dessous, le Lieutenant Beauprez à gauche devant le temple Daechuri au nord de Seoul, avec deux de ses hommes et un soldat coréen attaché au bataillon qu’il commandait. Il fut le premier officier et soldat belge à tomber en Corée. Il patrouillait sur les bords du fleuve Han en mars 1951 et fut abattu par des tirs chinois. Quelques soldats coréens ont été incorporés dans les compagnies belges, d’une part pour se retrouver sur le chemin vers le nord, et d’autre part pour un soutien logistique en combat. Il faut savoir que la plupart de ces soldats sud-coréens étaient des étudiants enrôlés de force, sans expérience du combat, mais qui, d’après les commandants belges, apprenaient rapidement les manœuvres et l’utilisation de certaines pièces comme l’artillerie. Il existe toujours un corps de fraternité Belgo-coréen à Seoul, dont les derniers vétérans coréens de la guerre entretiennent encore des correspondances avec les derniers vétérans belges.

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Au total, plus de 3000 soldats belges ont servi en Corée pendant ces trois années de guerre, accompagnés par 80 soldats Luxembourgeois et une trentaine de jeunes soldats coréens. Ils ont combattu sur plusieurs fronts, et, étant rattaché à la 3ème division d’infanterie américaine ainsi qu’à la 29ème brigade anglaise, ils ont participé et remporté plusieurs grandes batailles.

Les batailles

1. Bataille de la rivière Imjin: probablement la plus distinguée pour le contingent belge puisque c’est celui-ci qui, en première ligne, porta secours aux bataillons renommés anglais “Ulster” et “Glosters”, pris en tenaille par l’armée chinoise. Les belges ont ainsi pu ouvrir une brèche dans l’encerclement et sécuriser une route de retrait vers Busan. Sans eux, les anglais auraient perdus leurs plus important contingent. D’ailleurs, pour ce fait de bravoure, les belges ont été cités par le président Truman, recevant donc la Presidential unit citation des mains d’Eisenhower en visite en Corée.

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De plus, un message venant du Général Van Fleet commandant les opérations américaines en Corée leur fut envoyé:

“Le bataillon belge et le détachement luxembourgeois des forces des Nations unies en Corée est cité pour l’accomplissement exceptionnel de ses missions et pour son héroïsme remarquable dans son action contre l’ennemi sur l’Imjin, près de Hantangang, en Corée, pendant la période du 20 au 26 avril 1951. Le bataillon belge et le détachement luxembourgeois, l’une des plus petites unités des Nations unies en Corée a infligé à l’ennemi des pertes trente fois supérieures aux siennes par ses actions agressives et courageuses contre les communistes chinois. Durant cette période, des forces ennemies considérables, appuyées par le feu des mitrailleuses, des mortiers et de l’artillerie, menèrent des assauts furieux et répétés contre les positions tenues par le bataillon, mais les Belges et le détachement luxembourgeois repoussèrent vaillamment et continuellement ces attaques fanatiques en infligeant des pertes considérables aux troupes ennemies… Le courage extraordinaire montré par les membres de l’unité au cours de cette période fait rejaillir un grand honneur sur leur pays et sur eux-mêmes.

Sur ordre du général Van Fleet.”

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2. Bataille de la montagne White Horse: située dans le “triangle de fer” entre Cheorwon et Pyonggang, endroit stratégiquement de haute importance. Les belges ont combattu avec la 9ème division d’infanterie sud-coréenne. Cette bataille est connue comme étant “Baekma Goji”. Emiel De Preter, un sous-officier belge, a reçu la plus haute distinction sud-coréenne, la médaille Hwarang, au titre de troisième rang “Chungmu”, pour acte héroïque à White Horse en ayant repoussé une vague chinoise seul depuis son nid de mitrailleuse surplombant la vallée.

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3. Bataille d’Haktang-ri: l’opération moonlight, située sur la montagne 931, connue des américains comme “Broken Arrow Hill 931” à Cheorwon. Ce fut un combat périlleux contre l’armée chinoise lorsque le bataillon belge fut encerclé mais parvint à s’organiser et à repousser les envahisseurs chinois.

4. Bataille de Jatgol: plus connue comme étant les 55 nuits de Jatgol. Au nord des positions des avant-postes belges se trouvait l’armée chinoise non loin de Kumhwa, armée localisée dans un versant dénommé “le Boomerang”. C’est donc au nord que la compagnie lourde belge a été dépêchée, à Sangdong-ri. Ainsi, pendant 55 nuits, 40 soldats belges subissent les assauts de 300 à 400 volontaires chinois mais parviennent à chaque fois à les repousser.

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Le Kamina?

C’était un navire de la marine militaire belge, entre 1950 et 1968, ayant transporté les soldats Belgo-Luxembourgeois le 18 décembre 1950 du port d’Anvers au port de Busan. A l’origine, sa construction fut commandée en 1938 par une entreprise polonaise mais lors de l’invasion allemande, il fut réquisitionné par la marine allemande et pris la dénomination Hermann von Wissmann. Il passa en 1945 aux mains de la marine militaire anglaise sous la dénomination HMS Royal Harold avant d’être retourné à la Belgique sous le nom Kamina AP907 en 1950. Kamina était le nom d’une base militaire située au Congo belge.

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Hommage

101 belges sont tombés en Corée entre 1951 et 1953, ainsi que 2 Luxembourgeois et 9 sud-coréens, tous incorporés au bataillon belge. Au total, 478 belges ont été blessés, 5 ont été portés disparus et 2 sont morts dans des camps de prisonniers en Corée du Nord. Je tenais à vous faire part de ces faits qui se retrouveront dans mon ouvrage Volume 3 d’histoire de Corée au chapitre “Guerre de Corée” (publication en 2019).

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