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Deux films choc avec sous titres, samedi au Women’s film festival

Dire qu’il y a un problème avec la place des femmes dans la société coréenne est un euphémisme, et le cinéma ne fait pas exception. Pourtant, depuis quelques années, les lignes bougent, et un des signes est que le Festival du film de femmes de Seoul fête son 15ème anniversaire en pleine forme. Du 24 au 30 mai, au Megabox de Sinchon, il projette en effet des films aussi bons que d’autres, et deux d’entre eux sont particulièrement remarquables. Ils sont visibles avec sous titres anglais comme c’est un festival international.

Site du festival http://www.wffis.or.kr/wffis2013/00eng_intro/main.html

D’abord, Pluto 명왕성 (photo) est un des films coréens marquant de l’année, depuis sa présentation au festival de Pusan fin 2012. C’est le premier film d’une réalisatrice, Shin Su-won, qui s’est lancé dans le cinéma sur le tard, après avoir été professeur. Et elle a des choses à raconter. Pluto évoque, sous la forme d’un thriller, la compétition délirante entre lycéens pour accéder à un « groupe d’études » qui prépare à la sacro-sainte Seoul University. Un des membres du groupe meurt, une place se libère donc, un élève entre dans le groupe et découvre que la mort de son prédécesseur n’était évidemment pas fortuite.

Le film se fait de plus en plus oppressant, jusqu’à finir dans une atmosphère de terreur qui n’est évidemment pas réelle, mais le but est de faire une métaphore de l’enfer absurde, lui bien réel, que vivent les élèves coréens. Et les personnages, très subtilement joués, apportent aussi une grande humanité (c’est peut être ici la touche féminine), notamment parce qu’ils sont à rebours des clichés : le geek de service qui craque les base de données est une fille au caractère bien trempé et même pas moche, et le policier est compréhensif, paternel, obligé de faire régner l’ordre mais ayant bien compris qu’il a affaire à des jeunes totalement déréglés. Un premier film d’une maitrise stupéfiante.

Projection au Megabox Sinchon samedi 25 à 17h 30.

http://www.wffis.or.kr/wffis2013/03eng_program/02_pro_read.php?sang_no=1499&code=184

Trailer

http://www.youtube.com/watch?v=i0ePbNN5Ous

Le même jour, vous pouvez enchainer avec Two Doors 두게의 문, est sorti en salles en 2012, mais sans sous-titres. Or il faut un très haut degré de maitrise du coréen pour en saisir les subtilités, car c’est un documentaire qui analyse, entre autres, des paroles pour en saisir le but exact, sachant le double sens que peut contenir bien des mots coréens. Two Doors revient, encore et encore, parce qu’il y a eu une palanquée de documentaires à ce sujet, sur la mort de manifestants à Yongsan, en 2009, dans un incendie qui a ravagé un immeuble qu’ils squattaient, en protestation contre un des ces projets immobiliers délirants qui défigurent la ville et mettent des commerçants sur le carreau. Voire à Hapjeong ou Sindorim par exemple. Cet incendie a eu lieu en présence de la police, qui était dans le bâtiment, en train de donner l’assaut. Un policier a par ailleurs été tué, et c’est justement en allant voir du côté de la police que Two Doors a marqué les esprits. Parce que dans ce drame, la question classique « que fait la police » devient ici une arrête en travers de la gorge des victimes, et un embarras pour le gouvernement : aurait-elle d’abord pensé à se sauver elle-même ? Voire laissé les manifestants mourir ? Voire foutu le feu ?

Les documentaires coréens sont souvent faits par des militants qui défendent une cause sincère, mais ne vont pas chercher la contradiction. Les réalisatrices de Two Doors cherchent la bagarre, car elles osent montrer les manifestants sous un jour moins

favorable que la vision « militante », et elles balancent un énorme pavé dans le débat : les images de la police, les caméras embarquées, éventuellement fixées au casque, façon GIGN. Des images stupéfiantes de jeunes recrues qui flippent dans des escaliers, au milieu d’une fournaise qui pourrait les engloutir. Et qui parlent, et qui reçoivent des ordres. Qu’est-ce qui s’est dit ? C’est, jusqu’au bout le grand mystère de ces événements chaotiques et le documentaire rend surtout compte d’un monde où, en période de tension, des dérapages arrivent et on finit par ne plus savoir qui a merdé en premier.

A chaque seconde de l’événement, les documentaristes nous font faire « pause » elle décryptent et rassemblent tout ce qu’elles peuvent : les images de la police, mais aussi les multiples images de toutes les télés, les interviews, le procès, etc. Un travail de recherche inouï et qui a été salué comme une première dans le documentaire coréen. Le résultat est un mélange de suspense implacable, de film d’action et de film politique, le tout 100% vrai. Assurément le documentaire coréen de l’année 2012.

Projection au Megabox Sinchon samedi 25 à 20h http://www.wffis.or.kr/wffis2013/02eng_archive/pro_open.php?round=15&section=&sang_no=1472

Trailer

http://www.youtube.com/watch?v=cEJFqhRQgbE

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