999092_421523691299381_1986559123_nLe Chewsock film festival est une occasion de voir des films coréens récents sous titrés en anglais, pendant Chuseok (18 et 19 septembre). C’est une période où la plupart des coréens étant en famille, les expatriés ne savent souvent pas trop quoi faire à part se bourrer bêtement la gueule à Itaewon. Un français, Samuel Lorca, un anglo-canadien, Nigel D’sa et une coréenne, Kim Meeyeon, se sont joints et organisent un joli programme pour passer Chuseok de façon plus intelligente, originale et aussi amusante. Le festival s’appelle déjà Chew-sock qui veut dire « manger (ses) chaussettes », l’idée étant qu’au lieu de manger ses chaussettes toute la journée, allez au cinéma. Le festival propose 13 long métrages et 5 courts métrages, tous des films coréens qui seront projetés avec sous-titres anglais. L’événement a lieu au nouveau cinéma Art Nine (station Isu, entre Sadang et Express Bus Terminal) et le mieux est d’acheter les tickets un peu en avance (jusqu’au lundi 16) sur ce site. Toutes les infos sont sur ce site.
Le programme comprend un film populaire comique plus intéressant que d’autres, How to Use Guys with Secret Tips 남자사용설명서,  porte d’entrée facile au cinéma coréen. Nous vous conseillons six films dont vous avez peut être moins entendu parler.

 

1 – Barbie, de Lee Sang Hoo 이상우

babieUn des scénarios les plus original et caustique de ces dernières années : un pauvre oncle des campagnes décide de vendre une de ses fillettes à un riche américain, qui vient faire son marché en Corée (métaphore de l’adoption, évidemment) accompagné de sa fille, odieuse gosse de riche. Elle se fait amie avec l’autre des fillettes coréennes, qui se prend pour une starlette de K-pop. Ce film au vitriol, mais finalement très chaleureux aussi, a confirmé le talent du réalisateur, Lee Sang-woo. C’est une sorte de nouveau Kim Ki-duk à l’énergie très rock’n’roll, qui s’est lancé avec deux films aux titres mémorables, My mother is a whore et My Father is a Dog. Nous avions écrit sur lui ici et interview ici. Barbie est aussi illuminé par la présence de Kim Sae-ron 김새론, qui fut révélée par Ajohssi 아저씨 (The man from nowhere) et A Brand New Life 여행자, qui tutoire maintenant les plus grandes stars.

2 – Your Time Is Up 누구나 제 명에 죽고 싶다 de Kim Seung-hyeon 김승현

Premier film nerveux, simple, prenant, sur deux frères qui vont se déchirer pour une histoire d’argent prêté, et surtout une histoire de fille, hôtesse de bar qui va les rendre fous. Le film renouvelle habilement des motifs très classiques, est superbement joué par de jeunes inconnus. Une des raisons de toujours espérer dans le jeune cinéma coréen.

 

3 – Nobody’s Daughter Haewon 누구의 딸도 아닌 해원 de Hong Sang-soo 홍상수

haewon fullsizephoto269844Si vous ne connaissez pas Hong Sang-soo, auteur célébré depuis quinze ans maintenant, il n’est jamais trop tard. Et ne pas se laisser rebuter par les grincheux qui disent que ça manque d’action. Un film de Hong Sang-soo recèle toujours des merveilles de légèreté, ou des moments franchement hilarants, sur des histoires assez similaires qui nous parlent toujours. Ici c’est une jeune coréenne qui doit partir à l’étranger et fait le point sur ses envies en matière d’homme, surtout l’un d’entre eux qu’elle n’arrive pas à bien quitter : ça ne vous rappelle rien ? Autre classique chez Hong Sang-soo, les scènes de beuverie, et celle-ci est un bon cru. Peut être plus que le personnage féminin (adorable petite peste), le personnage masculin principal reste en tête, incarné par l’immense acteur Lee Seon-kyun 이선균. Comme seuls les plus grands peuvent le faire, il passe de films très populaires (les comédies All about my wife, Petty Romance), aux meilleurs films d’auteurs (Paju 파주 ou d’autres Hong Sang-soo). Enfin il y a un caméo de Jane Birkin (yes, yes) au début. Le film sortira en France, sous le titre Haewon et les hommes.

 

4 – You Are More Than Beautiful 그녀의 연기 de Kim Tae-yong 김태용

photo317580C’est le film majeur de la séance des court métrages. On va confesser d’emblée, nous ne l’avons pas vu, et pourtant nous irions les yeux fermés. Pourquoi ? Pour deux noms infaillibles. L’actrice Gong Hyo-Jin 공효진, la star au caractère bien trempé sur un minois tout rond, révélée par le drama ultra populaire 최고의 사랑 (The Greatest Love). Gong Hyo-Jin filmée par Kim Tae-yong, que l’on tient pour un des réalisateurs asiatiques les plus sûrs du moment, parce que tous ses films sont jusqu’ici excellents : Late Autumn 만추, Family Ties 가족의 탄생 et Memento Mori 여고괴담 두번째 이야기. Un de ses plus grands talents est justement la direction d’actrices, toujours magnifiées dans ses films. Son style est toujours très accessible, chaleureux, mais avec une élégance unique. Célébré en Corée, trop méconnu en dehors, sa grande heure de gloire viendra sous peu, en attendant, découvrez son dernier court métrage sans hésitation. S’il fallait un dernier argument, c’est filmé à Jeju, bref cela ne peut être que beau.

 

5 – No More No Less 더도 말고 덜도 말고 de Im Hojeong 임오정

C’est un autre court métrage extraordinaire, portrait de trois adolescentes qui vont peu à peu devenir ce que le système attend d’elles, des machines à consommer, des concurrents qui se battent, des êtres conditionnés. Tout cela à partir d’une bête histoire d’étui de téléphone portable disparu, supposé volé par une camarade. Rarement on avait vu des vies de lycéennes coréennes aussi justement croquées, avec une narration brillante, une interprétation très naturelle.

 

6 – December de Park Jeong-hoon 박정훈

movie_imageC’est, si je ne me trompe, le chouchou du programmateur Samuel Lorca, et le grand prix du récent festival de Jeonju. Un film très indépendant, fait avec très peu, étonnant dans sa narration, à la fois très ample et très minimaliste, qui suit un couple au fil des saisons. Certains plans sont très beaux, rappelant que faire du cinéma n’est pas une question de budget.

Trailer du festival